Toujours vivant

Par Steve Marier

Pourquoi moi ?

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IMG_1518      Pourquoi moi ?

Je me souviens avoir lu un petit recueil de témoignages pendant l’une de mes nombreuses et interminables hospitalisations en lien avec les crises d’inflammation chroniques dont j’ai souffert aux articulations. Un petit recueil de témoignages de gens pour qui la maladie, ou un accident, avait été une bénédiction et suite à laquelle leur vie avait été transformée pour le mieux.

Je n’y comprenais rien.  J’étais à des années lumière de comprendre comment une personne ayant perdu la vue suite à la maladie pouvait trouver la vie encore plus belle. Encore moins pouvais-je comprendre comment son handicap lui avait miraculeusement ouvert les yeux sur toute la beauté qui l’entourait.  La seule raison pour laquelle je continuais à lire ce livre était que, ayant déjà épuisé depuis longtemps ma réserve littéraire et ayant fouillé de fond en comble la minuscule bibliothèque de l’hôpital, ce livre m’avait paru de circonstance.

Une femme décrivait que c’était seulement après être devenue aveugle qu’elle pouvait vraiment décrire et surtout apprécier les couleurs, que la couleur rouge avait depuis une odeur et une texture particulières, tandis que le bleu dans son imagination représentait l’infini.

Chaque parfum humé était un cadeau de la vie.  En perdant l’usage d ‘un sens, elle avait  retrouvé l’usage de l’odorat, du touché, du goût et de l’ouïe.

Un homme devenu paraplégique à la suite d un accident partageait qu’il ne voudrait rien changer à son destin, que sa vie était parfaite et qu’il n’avait jamais été aussi heureux que depuis qu’il avait choisi d’accepter.

Accepter!  Mais ces gens avaient-ils perdu la raison ou quoi?

Je ne pouvais cependant plus, devant ces témoignages, m’apitoyer sur moi et me dire que mon mal était beaucoup plus grave, que mon sort me donnait particulièrement le droit à l’empathie.

Ces personnes avaient tout perdu à mes yeux, elles ne pouvaient pas être heureuses, surtout pas plus heureuses avec un corps handicapé.

J’étais enragé, j’en voulais au monde entier et je cherchais un responsable pour mon  malheur.

Pourquoi moi, qu’avais-je fait pour mériter ca?

Il n y avait aucune issue à mes yeux.  J’étais une victime condamnée à souffrir pour le restant de ma vie.

Jusqu’au jour où, un matin, en ouvrant les yeux, je me suis dit « Pourquoi pas moi?».

Et je me suis répété à voix haute « Pourquoi pas moi? ».

« Qu’est-ce que la vie essaie de m’enseigner à travers ces épreuves? »

« Est-ce que je serais heureux si j’étais soudainement guéri demain matin? »

« Est-ce que j’étais heureux avant la maladie? »

J’ai soudainement réalisé que la maladie n’était peut-être pas une ennemie avec laquelle je devais me battre pour regagner ma santé.  En effet, la maladie n’était-elle pas plutôt la façon qu’avait choisie mon corps de me communiquer qu’il n’en pouvait plus d’épuisement, qu’il avait toujours fait tout en son pouvoir pour me garder en bonne santé, mais que maintenant, il avait besoin de mon aide?

J’ai compris que mon corps voulait guérir et que la maladie était mon alliée.  J’ai compris que l’univers me donnait l’opportunité de choisir et de créer ma vie.

C’est à ce moment précis que le processus d’acceptation est né en moi.  C’est à ce moment que j’ai compris que je pouvais choisir et accepter ma maladie, que je pouvais cesser d’être une victime et prendre responsabilité pour ce que ma vie avait été, était, et serait dans le futur.

Accepter ce que la vie nous offre est une étape cruciale de la guérison.

L’acceptation est le début de la guérison.

2 avis sur « Pourquoi moi ? »

  1. Félicitation Steve, pas facile a parcourir ce chemin de l’acceptation!
    Je ne sais pas si tu vas te souvenir de moi, je suis David j’habitais sur Cadillac a St-Bruno dans les années 80. 🙂

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